- SECOND MARCHÉ BOURSIER
- SECOND MARCHÉ BOURSIERSECOND MARCHÉ BOURSIERDepuis sa création en France, au début de 1983, le second marché est devenu un phénomène marquant de la vie boursière. Il a modifié radicalement le comportement financier des entreprises à l’égard des fonds propres et de l’appel public à l’épargne.En fournissant une réponse appropriée à l’attente des entreprises, il a suscité un véritable engouement, à telle enseigne que les introductions se sont succédé à un rythme pour le moins rapide, et permis de réactiver les Bourses de province. Ce phénomène peut surprendre. Or cette création, qui répond en apparence à des données spécifiquement françaises, n’est pas en soi véritablement originale: de semblables structures s’étaient mises en place bien avant dans deux des grands pays boursiers, les États-Unis et la Grande-Bretagne.Avant 1983, la Bourse était un véritable microcosme réservé aux grandes entreprises, à quelques professionnels et ne concernait qu’une petite fraction d’épargnants. La création du second marché résulte de la combinaison de deux éléments. Très schématiquement, on a assisté, en France, à une prise de conscience collective de l’importance fondamentale des petites et moyennes entreprises et de leur rôle moteur dans l’économie et à l’exportation. Celles-ci, de leur côté, avaient besoin de capitaux frais, disposés à s’investir pour financer leur développement. Le second marché leur donne accès au marché financier et leur permet de renforcer leurs fonds propres par une source de financement non inflationniste; c’est une réelle dynamique pour leur développement; à ce titre, il devient un partenaire indispensable des professionnels du capital investissement. Ceux-ci y voient en effet une “sortie” possible de leurs investissements et ne courent plus le risque d’être “gelés” dans une participation.Dans un marché en recul, le second marché a enregistré un volume annuel de transactions proche de 24 milliards de francs en 1993, soit 43 p. 100 de mieux par rapport à 1992. Les investisseurs, devenus sélectifs dans leurs choix d’investissement comme dans leurs arbitrages, préfèrent les valeurs dynamiques présentant un potentiel de développement.Ce dynamisme est toutefois inégal selon les places de cotation, d’où un déséquilibre accru enregistré entre le poids relatif des places de province et celle de Paris d’une part, et celui de Lyon par rapport aux autres places régionales d’autre part. L’analyse sectorielle du second marché, quant à elle, fait clairement apparaître la large contribution de sociétés appartenant à des secteurs d’activité porteurs, comme celui de la finance, du crédit, de l’électronique ou de l’informatique.Rendre l’accès du marché boursier plus facile aux entreprises moyennes n’était pas franchement un problème nouveau: le second marché a un ancêtre dans le compartiment spécial du hors cote, dont la fonction est de favoriser l’acclimatation boursière de sociétés auxquelles leur taille ou leur jeunesse interdit l’accès à la cote officielle. C’est un marché libre où chaque actionnaire, même très minoritaire, peut sans formalité particulière faire citer ses titres s’il apporte la preuve de l’existence juridique de la société. Le hors cote spécial n’a pas rencontré le succès escompté, sa mauvaise image ayant contribué à établir un marché étroit et peu actif, les investisseurs attendant que les entreprises passent à la cote officielle pour s’intéresser à elles et la liquidité du marché n’étant pas uniforme.Au contraire de cette “antichambre de la cote officielle”, le second marché se présente comme une structure d’accueil permanente, sans qu’il existe d’ailleurs un seuil minimal quant à l’importance du chiffre d’affaires ou du capital. Les sociétés qui souhaitent s’y faire coter ne sont pas tenues d’avoir distribué des dividendes au cours des années qui ont précédé leur introduction, ni d’avoir réalisé des bénéfices. Ce qui est particulièrement adapté aux entreprises en phase de croissance qui réinvestissent tous leurs bénéfices. Enfin, seulement 10 p. 100 du capital, contre 25 p. 100 dans le cas du marché officiel, doivent être mis à la disposition du public. L’admission n’entraîne plus un risque de perte de contrôle du capital.Dans l’ensemble, l’introduction au second marché facilite la vie financière de l’entreprise, car elle lui procure sans délai les capitaux nécessaires à sa croissance par l’émission d’actions nouvelles de numéraire. Elle augmente également fortement sa notoriété en renforçant son image de marque. Pour les entreprises exportatrices, le fait d’être cotées permet très souvent d’accélérer les ventes car elles présentent, pour les fournisseurs et clients étrangers, une garantie supplémentaire. De plus, la cotation en Bourse attire chaque jour de nouveaux investisseurs et favorise donc le renouvellement et l’élargissement de son actionnariat. Enfin, le second marché permet d’assurer la survie des entreprises pour lesquelles se pose un problème de succession. L’introduction apporte une liquidité du capital en même temps qu’une évaluation marchande. Plutôt que de partager le patrimoine, les héritiers peuvent ainsi se répartir les actions à un prix qui s’impose à tous.Un risque existe: celui de la surenchère, le second marché étant considéré comme un “hit-parade” par les investisseurs institutionnels qui gonflent la demande par rapport à une demande forcément réduite. En effet, les sociétés désirant s’introduire au second marché n’ont l’obligation de ne diffuser dans le public que 10 p. 100 de leur capital. Comme elles sont pour la plupart dynamiques et performantes, elles suscitent parmi les particuliers et les institutionnels un engouement difficile à maîtriser. Cependant, il semble que beaucoup d’entre elles se laissent gagner par l’euphorie et vont en Bourse avant d’avoir réglé les problèmes de fond. D’où des plus-values considérables mais parfaitement artificielles et quelques dépôts de bilan. Mais l’engouement spéculatif a cessé, grâce à la réforme des procédures d’introduction en Bourse homologuées par le ministère de l’Économie en septembre 1993. Celle-ci a essentiellement consisté à autoriser pour les introductions l’utilisation de la procédure de placement qui offre aux investisseurs une palette aussi large que possible des procédures de diffusion et de cotation de titres à l’introduction. Elle comporte une dissociation entre le placement des titres par un syndicat bancaire et la première cotation des titres en Bourse: les vendeurs confient à un syndicat bancaire de 80 à 90 p. 100 du nombre total de titres à céder à un prix fixé quelques jours avant la cotation; la première cotation est réalisée à l’issue de cette période de placement, avec le solde de 10 à 20 p. 100, par confrontation des demandes et des offres. Le premier cours coté est un prix permettant de satisfaire un pourcentage minimal de 4 p. 100 des demandes formulées à des cours limites supérieurs à ce prix. Par ailleurs, un fonds de régularisation est constitué par les actionnaires vendeurs pour une durée de six mois à compter de la première date de cotation. L’objectif est double: éviter les trop grands écarts de cours et assurer au cours de Bourse une progression satisfaisante pour le marché.Le 14 février 1996 s’est ouvert à la Bourse de Paris un autre marché destiné aux petites entreprises, le nouveau marché. Celui-ci regroupe des sociétés plus jeunes que celles du second marché, et dans lesquelles l’investissement constitue un pari industriel; la plupart relèvent du secteur de la haute technologie et interviennent sur des marchés en forte croissance. La première société cotée sur le nouveau marché a été Infonie, le réseau en ligne d’Infogrames.
Encyclopédie Universelle. 2012.